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Traumatisme et rĂ©silience : une Ă©tude de l’UniversitĂ© şÚÁϲ»´ňěČ se penche sur les effets persistants des violences sexuelles commises pendant le gĂ©nocide rwandais

Les mères étaient souvent en proie à des sentiments ambivalents et à la culpabilité, tandis que les enfants faisaient souvent preuve de compassion à leur égard
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 17 September 2025

Une Ă©tude menĂ©e par des chercheuses de l’UniversitĂ© şÚÁϲ»´ňěČ offre une incursion dans la mĂ©moire intergĂ©nĂ©rationnelle du Rwanda post-gĂ©nocide et se penche sur les expĂ©riences des enfants nĂ©s de violences sexuelles liĂ©es au conflit et de leurs mères.

« Ces enfants sont souvent qualifiĂ©s d’“enfants de la haine” et sont considĂ©rĂ©s comme des rappels vivants de la brutalitĂ© du gĂ©nocide », dĂ©clare Myriam Denov, chercheuse principale, professeure Ă  l’École de travail social de l’UniversitĂ© şÚÁϲ»´ňěČ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enfants, les familles et les conflits armĂ©s. « NĂ©anmoins, nous avons dĂ©couvert une histoire d’empathie, d’amour et de rĂ©silience. » Dans son article publiĂ© dans le , la chercheuse explique comment ces mères et ces enfants rwandais ont cherchĂ© Ă  obtenir justice et ont construit des relations entre eux malgrĂ© la stigmatisation, la discrimination Ă©conomique et sociale et la violence exprimĂ©e par leurs familles et leurs communautĂ©s.

Les chercheuses ont constaté que de nombreuses mères étaient en proie à des sentiments de culpabilité et d’ambivalence envers leur enfant en raison des circonstances dans lesquelles ils ont été conçus. Les mères ont également dit avoir de la difficulté à parler à leur progéniture de la violence sexuelle dont elles ont été victimes. Pourtant, en grandissant, leurs enfants ont voulu connaître la vérité sur leurs origines et savoir pourquoi ils n’avaient pas de père. Parmi les mères qui ont réussi à révéler leur histoire de violence sexuelle, certaines ont constaté un renforcement de leurs liens avec leur enfant. Beaucoup d’enfants ont fait preuve d’une profonde empathie et de compassion envers leur mère.

On estime qu’entre 250 000 et 500 000 femmes et filles rwandaises ont subi de la violence sexuelle pendant le génocide contre les Tutsis en 1994. Bon nombre d’entre elles ont été victimes de viols collectifs. Entre 10 000 et 25 000 enfants seraient nés à la suite de violences sexuelles.

Ces conclusions s’appuient sur des entretiens réalisés avec 44 Rwandaises qui ont eu des enfants à la suite d’un viol, ainsi que sur des entretiens et des discussions de groupe avec 60 jeunes nés à la suite de violences sexuelles liées au conflit. Plusieurs jeunes ont été engagés comme co-chercheurs. Ils ont pris part à toutes les étapes du processus de recherche et continuent de participer à la recherche. En 2016, lorsque les entretiens ont eu lieu, les jeunes étaient âgés de 19 à 21 ans et leurs mères de 33 à 52 ans.

La plupart des enfants vivaient avec leur mère et ne connaissaient pas l’identité de leur père, ce qui a souvent entravé leur accès à l’éducation (au Rwanda, certaines écoles exigent la signature du père pour l’inscription), leur acceptation sociale et leur ascension sociale.

Les enfants nés à la suite d’un viol ont souvent déclaré avoir été ostracisés, rejetés, battus et victimisés par leurs familles, leurs voisins et leur communauté. Beaucoup ont appris la vérité sur leurs origines biologiques par leur famille ou leurs voisins, notamment en étant l’objet d’insultes et en se faisant traiter de « petits tueurs ».

Les chercheuses ont constaté que de nombreux jeunes avaient formé des réseaux de soutien et ainsi trouvé réconfort, sentiment d’appartenance et acceptation auprès d’autres jeunes nés de violences sexuelles.

« Au Rwanda, plus de 30 ans après le génocide, ces souvenirs intergénérationnels continuent de perturber la vie quotidienne, souligne Myriam Denov. Bon nombre des jeunes que nous avons rencontrés aimeraient être officiellement reconnus comme victimes du génocide contre les Tutsis. Pourtant, ils sont pratiquement invisibles dans les initiatives de réparation post-génocide. J’espère que cette recherche fera entendre leur voix et suscitera des efforts de compréhension, de reconnaissance et de changement. »

Note

En raison des répercussions potentielles de l’étude, les jeunes participants se sont vu proposer des séances mensuelles de thérapie de groupe gratuites animées par un psychologue rwandais pendant les huit mois qui ont suivi la collecte des données. Les mères et les jeunes pouvaient également communiquer avec le psychologue pour obtenir un soutien supplémentaire.


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« Remembering to Forget: Intergenerational Memory for Rwandan Women Survivors of Genocidal Rape and Children Born of Conflict-Related Sexual Violence », par Myriam Denov et Shu-Hua Kang, a été publié dans le .

DOI :

Financement

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ a Ă©tĂ© financĂ©e par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Conseil des arts du Canada (programme Killam), le Programme des chaires de recherche du Canada et la Fondation Pierre Elliott Trudeau.

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